les couleurs végétales en décoration
Pendant des siècles, le Japon a patiemment développé et codifié le monde des couleurs, à travers les arts appliqués, le costume, le théâtre et la religion, pour atteindre un niveau de sophistication ritualisée qui dépasse notre entendement en Occident.
Pour exemple, au Japon, le « vert» des feux de signalisation est bleu: tel est le degré de raffinement conceptuel du langage chromatique. Le développement de distinctions en matière de couleurs avec ce pays est dû, en partie, aux techniques de teinture: les premiers teinturiers japonais ont testé une vaste gamme d'extraits végétaux, mettant au point la technique de la « surteinture » pour obtenir des couleurs intermédiaires. L'Occident se défia de ce procédé jusqu'à la Renaissance (pour les Gréco- Romains puis les chrétiens, mélanger les couleurs revenait à interférer avec l'ordre divin). Ce nuancier tricolore représente un élément très ritualisé de la vie japonaise: le théâtre kabuki de la période Edo (du XVIIe au XIXe siècle). Il s'agit de couleurs établies, formulées à partir de recettes mises au point pour les rideaux de théâtre qui masquaient la scène au début de chaque représentation.
1 Ce vert est basé sur la couleur moegi, c'est-à-dire un « vert teinté du jaune des couches supérieures de l'oignon, puis grisé comme un thé vert longuement infusé ». C'est un vert intense, presque tilleul.
2 Le brun du théâtre kabuki est lui aussi très particulier: l'orange produit par le tanin du kaki est atténué par un rouge additionné de noir. De toute évidence, mélanger et surteindre étaient des techniques parfaitement admises. La couleur ainsi obtenue n'a rien d'exceptionnel en soi, mais elle entretient une relation subtile avec les deux autres, en particulier avec le vert.
3 Le noir kabuki de l'ère Edo était teinté de violet et de bleu. Il est plus facile de distinguer cette nuance dans les reflets d'une étoffe que sur une page imprimée.
En matière de mobilier, certains fabricants haut de gamme parviennent à donner une coloration originale au traditionnel merisier, ici en y appliquant une teinte wengé :
Source : Kevin Macloud
divan japonais : Kokoroishi Kougei
Détail console extensible : L. Bartolini